Dormir au travail n’est peut-être pas la meilleure idée, mais pour les membres de la 22e Escadre North Bay, cela s’est avéré incroyablement bénéfique.
De nombreux militaires de la 22e Escadre North Bay sont responsables de la surveillance, de l’identification, du contrôle et de l’avertissement en matière de défense aérospatiale au Canada et en Amérique du Nord au Centre des opérations aériennes de secteur.
Chaque année, ils identifient plus de 200 000 vols, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ils travaillent selon un cycle de quarts de quatre jours, les équipes effectuant deux journées de 12 heures suivies de deux nuits de 12 heures, puis d’une pause de quatre jours entre les cycles.
Quiconque a déjà travaillé par quart comprend les répercussions de ce type d’activité, non seulement sur le plan physique, mais aussi sur le plan mental.
Lucas DeMarco, responsable de la promotion de la santé pour la base, a pu constater de visu les effets du manque de sommeil et a reconnu qu’il fallait que cela change.
« Notre service pour la promotion de la santé travaillait avec les gens sur leur santé mentale, leur nutrition et d’autres problèmes tels que la toxicomanie, et nous travaillions avec eux sur des stratégies de changement de comportement, mais au fil du temps, nous avons remarqué que l’une des causes fondamentales était la fatigue, déclare M. DeMarco. Nous avons commencé à discuter avec le département militaire de la sécurité des vols pour savoir ce que nous pouvions faire à ce sujet et nous avons lancé l’idée d’une pause sommeil. »
C’est au cours d’une conversation entre collègues qu’est né le projet des cabines de sommeil. Il s’agit de structures spéciales qui permettent aux personnes de faire une sieste. Des recherches plus approfondies ont montré que l’équipe était peut-être sur la bonne voie. Ils ont constaté que les cycles de travail sans repos ni sieste pouvaient laisser les militaires en service dans un état cognitif équivalent à celui d’une personne dont le taux d’alcool est égal ou supérieur à 0,08 %. Mais après une sieste, les militaires atteignaient un meilleur niveau de cognition.
Le major Kristofer M. Kaehler, qui faisait partie de la 22e escadre, estime que les résultats du système de gestion des risques liés à la fatigue ont joué un rôle déterminant dans l’élaboration du concept des cabines de sommeil.
« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec l’équipe de promotion de la santé et avons dispensé une formation pour montrer comment tout était lié, précise Kaehler. Le fait d’associer les données et l’initiative en matière de santé a été très bénéfique. »
Convaincre les cadres supérieurs était un tout autre défi. L’idée que le personnel fasse une sieste au milieu de la journée n’est pas la plus populaire au travail.
« Après avoir effectué nos recherches et recueilli des données sur la santé, nous avons pu prouver de manière concluante que la fatigue n’est pas seulement un problème actuel, mais qu’il est possible de le résoudre, affirme le major Neeraj Pandey. Nous avons pu susciter immédiatement l’intérêt de la haute direction. »
« Je pense que c’est très similaire à la santé mentale, ajoute le major Pandey. Il s’agit de reconnaître que les blessures mentales ont autant d’importance que les blessures physiques. Il convient de reconnaître que la fatigue est tout aussi importante que le sens tactique. Je crois que nous avons bénéficié des précédents en matière de santé mentale. Les gens ont admis qu’il était normal de remettre les idées en place et qu’un petit changement culturel pouvait avoir des améliorations drastiques sur nos opérations. »
Au cours de l’été 2017, le commandant de l’escadre a approuvé l’achat de trois cabines de sommeil et l’équipe de promotion de la santé s’est employée à sensibiliser le personnel à leurs bienfaits par le biais de présentations, de brochures et d’affiches. La compréhension des dangers liés au manque de sommeil a été déterminante pour que le personnel adhère à leur utilisation.
Les cabines ont été livrées l’été suivant et, à l’automne, une zone avait été désignée et elles étaient prêtes à l’emploi, mais inviter le personnel à dormir sur leur lieu de travail restait un défi.
« J’avais besoin du soutien de la direction pour qu’elle encourage son personnel à les utiliser, admet M. DeMarco. Le plus important était sans doute de convaincre les dirigeants à les utiliser, car on ne s’engage pas dans un tel projet sans avoir vu son patron y participer en premier.
Nous devions vraiment nous assurer qu’il y avait des champions de la cause aux échelons supérieurs pour que les rangs inférieurs se sentent à l’aise pour l’utiliser. »
L’accueil a été si positif que deux cabines de sommeil supplémentaires ont été achetées.
« Il y a ceux qui ont dit que c’était génial de pouvoir faire une sieste, mais il y en a d’autres qui ont avoué que ce dispositif les avait sauvés, que c’était l’élément qui faisait toute la différence, déclare M. DeMarco. D’autres encore nous ont confié que cette initiative assurait leur santé mentale et les aidait à développer leur résilience. »
M. DeMarco estime qu’il n’y a aucune raison pour que les cabines de sommeil ne soient pas installées dans d’autres bases.
« Tous les autres groupes paramilitaires le font, explique-t-il. Les pompiers ont des postes de couchage et personne n’a jamais remis cela en question. »
Pandey et Kaehler sont maintenant dans des bases différentes, mais ils entendent parfois parler des cabines de sommeil de North Bay et sont extrêmement fiers du rôle qu’ils ont joué dans la mise en œuvre d’un changement aussi important au sein de l’armée. Ils espèrent que d’autres bases en profiteront également.
Si vous souhaitez aider les membres sous votre commandement afin qu'ils puissent améliorer leur santé, contactez le programme de promotion de la santé des FAC; leur personnel peut vous aider à identifier les obstacles à la santé et au bien-être au sein de vos équipes et vous soutenir avec des initiatives qui peuvent contribuer à un changement significatif.